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Photo bannière : Xantoria parietina (L.) Th. Fr. 1860.

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mardi 22 mars 2016

Narcisse Théophile PATOUILLARD (1854 - 1926).


Un champignon particulier pour la SHNJ.


        Les amateurs de champignons, un tant soit peu avertis, se doivent de connaître cette espèce au chapeau conique ou obtus, blanchâtre, fibrilleux puis rougissant au toucher, au pied blanc tacheté de rouge, aux lamelles rosées, à la chair blanche rougissant à la coupe et qui pousse dans les coteaux calcaires herbeux au printemps et en été.
        Car il est très toxique et il se nomme l’Inocybe de Patouillard (Inocybe patouillardii) ; c'est-à-dire que ce taxon a été dédié à Monsieur PATOUILLARD.
        Mais ces mêmes amateurs savent-ils qui est ce Monsieur PATOUILLARD ?
Savent-ils que ce grand mycologue a été membre d’honneur de la Société d’Histoire Naturelle du Jura ?
        Et qu’il a beaucoup publié des notes dans les bulletins de notre société entre 1920 et 1926 ?

        Les anciens mycologues jurassiens s’en souviennent et les habitants de Macornay aussi (une page est consacrée à Narcisse Théophile PATOUILLARD sur le site de cette commune). Une place dans le village porte son nom et une plaque a été apposée sur sa maison natale le 26 septembre 1976 à l’occasion du cinquantenaire de sa mort à l’initiative de la Société Mycologique de France. Notre trésorier Joseph Martin qui a participé à cette cérémonie m’en parlait avec émotion en me faisant découvrir le lieu de naissance de ce grand scientifique.

       Dans le bulletin de 1926 de la SHNJ A. MOUROT président d’honneur rendait hommage à ce grand homme ; en voici quelques extraits :
      « Le monde mycologique savant …. et la Société d’Histoire Naturelle du Jura viennent d’éprouver une très grande et douloureuse perte en la personne de N. Patouillard décédé à Paris le 30 mars 1926 et inhumé à Lons-le-Saunier.
       C’est que ce savant éminent dans le domaine fongique était universellement apprécié par ses vastes connaissances acquises au prix d’un labeur ininterrompu durant plus d’un demi siècle.
…..c’est là, dans les loisirs que lui laissait son officine (de Poligny) que, M. Patouillard, l’œil aigu et scrutateur au microscope, dessinait l’anatomie de nombreuses espèces de champignons reproduites dans les Tubulae fungorum copieuse publication qui l’a mis en vedette parmi tous ceux qu’intéresse la mycologie (1883-1889)…….. Quelque temps à la tête de la Société Mycologique de France dont il fut l’une des plus brillantes lumières, il publia souvent dans le bulletin de la Société des études très documentées, parmi lesquelles nous citerons :
-quelques champignons du Tonkin et du Congo
- le genre Ganoderma
- le genre Podaxon
- contribution à la flore hypogée du Jura.
      Chaque année pour le Bulletin de la SHNJ, N. Patouillard donnait dans ces petites notes de mycologie jurassienne, de nouvelles observations et découvertes. …… Chaque année, à la belle saison, il était heureux de revenir dans son Jura qu’il aimait tant ; il s’installait avec sa famille …. sur les rives de l’Ain …… au domaine de l’Epinay. C’est là que nous avons eu l’honneur et la joie de le connaître, dans son intimité, au milieu des siens ……. C’est un grand laborieux, un grand savant, un grand honnête homme, un modeste s’il en fût, un brave cœur qui disparaît, fauché en plein travail »

Sa biographie :

        Narcisse Théophile PATOUILLARD est né le 2 juillet 1854 à Macornay dans une famille de cultivateur. Passionné dés son plus jeune âge par tout ce qui touche aux sciences naturelles, il collectionne les plantes, les insectes, les minéraux …etc. Obligé d’arrêter ses études au lycée de Lons-le-Saunier il entre à 15 ans comme télégraphiste dans le service des Postes dans le Jura puis à Paris.
       En 1872 la réussite d’un stage à Bletterans (39) lui permet de travailler au Laboratoire des Hautes-Etudes du Muséum national d’histoire naturelle. C’est dans cette ambiance au contact des plus grands botanistes qu’il décidera de se consacrer à l’étude des champignons.
       Il obtient le diplôme de pharmacien de 2ème classe en 1879 puis celui de 1er classe en 1884 après des études à la faculté de pharmacie de Paris.
       Il s’établira en tant que pharmacien à Poligny de 1881 à1884, puis à Fontenay-sous-bois de 1884 à 1885, puis à Paris de 1886 à 1898 et enfin à Neuilly à partir de 1898.
       En 1884 il est l’un des quinze pharmaciens fondateurs de la société mycologique de France dont il sera le troisième président de 1891 à 1892 après Quélet et Boudier. Il devienndra président honoraire de cette société le 8 décembre 1892.
       En 1885, il obtient le prix Montagne, décerné par l’académie des sciences pour son ouvrage intitulé « Tabulae analyticae fongorum : Descriptions et analyses microscopiques des champignons nouveaux, rares ou critques » qui sera publié en sept fascicules entre 1883 et 1889 (1). De 1893 à 1900 il exerce les fonctions de préparateur de la chaire de Cryptogamie de l’école supérieure de pharmacie de Paris
       En 1920 il devient membre honoraire de la Britsh Mycological Society.
       En 1922 il renonce à ses fonctions de préparateur, pour se consacrer totalement à ses recherches, il est nommé assistant de la chaire de Cryptogamie du Muséum.
       Il meurt à Paris le 30 mars 1926 à l’age de soixante douze ans.

(1) Fascicules consultables dans la bibliothèque de la SHNJ. 

Son Œuvre :

       L’œuvre scientifique de Narcisse Théophile Patouillard est considérable, près de 250 publications. Elle fut après sa mort ignorée jusqu’à ce que l’université de Harward à Cambridge Massachusetts fasse l’acquisition de son herbier antérieur à 1905. Alors, on reconnut l’importance de son travail et on classa le reste dans l’herbier général du Muséum. Enfin sa fille légua en 1968 près de trois mille planches de notes, dessins et aquarelles de grande précision à la chaire de Cryptogamie du Muséum.
      Il publia de nombreux taxons (plus d’une soixantaine) dont la plupart sont toujours valides, ce qui prouve la pertinence de sa taxinomie.
      Il fut l’un des premiers et meilleurs spécialistes de la flore tropicale. De nombreux taxons lui furent dédiés, la plupart par des mycologues étrangers à la France, confirmant ainsi son prestige international.

          Hervé Troussard

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