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Photo bannière : Marsilea quadrifolia, L. 1753, la Marsilée à quatre feuilles (Polypodiopsida, Polypodiidae, Salviniales, Marsileaceae).

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mardi 22 janvier 2019

Pourquoi le mycologue novice ne doit pas se fier à d'anciennes publications ?

         Vous ouvrez l'armoire de votre Grand' Père, vous trouvez un petit guide concis qu'il avait dû garder précieusement et tout à votre émotion, vous décidez quand l'automne s'annonce, sans grandes connaissances, de parcourir les bois à la recherche de quelques champignons comestibles...Attention danger ! Un ancien guide peut se révéler un piège mortel...


Exemple avec le "Guide de l'amateur de Champignons" version 1936 :
       
       Pour citer le spécimen publicitaire de ce "Guide de l'amateur de Champignons", celui-ci est un "petit fascicule, facile à mettre en poche" et qui "s'adresse exclusivement aux gourmets amateurs de champignons. Aucune classification scientifique. S'il a fallu employer les noms latins, c'est que les noms vulgaires des champignons varient à l'infini selon les localités. Ils sont classés par couleur : blancs, verts, rouges, bistres, ce qui permet de trouver instantanément le spécimen à comparer..."

       Un guide qui semble parfait de prime abord :
             - la préface d'André Pierre Jules Maublanc, un des grands mycologues français de la première moitié du XXème siècle, professeur à l'Institut national agronomique, qui fût président de la Société mycologique de France en 1942, puis de la Société botanique de France en 1945. 
             - F. Porchet a illustré avec J. Boully et A. Bertaux les " Champignons de France" d' A. Maublanc ; 

      Ce petit fascicule, dit "grand public" très bien conçu à l'époque de sa conception en 1936, était digne de confiance, mais depuis cette époque les connaissances ont évolué, et particulièrement dans le domaine de la mycologie, au niveau de la classification des champignons (ils étaient encore classés au sein du règne des plantes à cette date), au niveau de la comestibilité de diverses espèces...

     Un tel fascicule ancien peut donc se révéler dangereux pour le mycologue novice : 




Les Pratelles, terme peu usité aujourd'hui, désigne les Psalliotes, les Agarics.
Les feuillets (lames) de l'Amanite phalloïde sont blancs, à reflets très légèrement verdâtres, mais non rosés
 comme représentés sur le dessin.

Champignons vénéneux ( mortels) :
l'Amanite citrine : elle ne fut reconnue comestible (cependant assez médiocre et bien cuite,
contenant un peu de bufoténine) que suite au banquet de la Société Mycologique de France
aux environs de 1930 ; il est recommandé de la rejeter afin d'éviter toute confusion avec les
 Amanites blanches, voire la Phalloïde, mortelles.

Champignons comestibles :
Changements de noms : Pratella campestris = Agaricus campestris ; Pratella arvensis = Agaricus arvensis ;
 Tricholoma Georgii = Calocybe gambosa ; Lepiota excoriata = Macrolepiota excoriata (comestible
peu estimé qu'il est préférable de rejeter afin d'éviter des confusions).

Même réserve en ce qui concerne les lames d'Amanita phalloides.

Russula emetica est considérée actuellement comme faiblement toxique et
Russula lepida, classée comestible sans intérêt, tout comme Boletus versicolor
 (aujourd'hui Horiboletus rubellus).

Amanita spissa (actuellement Amanita  excelsa) est un comestible peu estimé qu'il est préférable
 de ne pas consommer (risque de confusion avec Amanita pantherina).
Amanita rubescens est comestible bien cuite mais toxique crue ou insuffisamment cuite.

Comestibles (l'un d'eux est considéré aujourd'hui comme mortel !) ne pouvant être confondus...
1. - Cantharellus cibarius, la Girolle, la Chanterelle : risque de confusion avec Omphalotus olearius,
 le Clitocybe de l'olivier et Omphalotus illudens, le Faux-Clitocybe lumineux, le Clitocybe trompeur,
 tous deux de redoutables toxiques.
2. - Paxillus involutus, le Paxille enroulé : considéré longtemps comme comestible, il est reconnu 
aujourd'hui comme très toxique et même mortel cru ou mal cuit !
5. - Coprinus comatus, le Coprin chevelu : champignon à consommer très rapidement ; champignon
 dit "rudéral" : pousse fréquemment sur les tas d'ordures, aux abords d'habitations, des voies de
 circulation, de zones riches en azote ; donc attention aux lieux de cueillette !
6. - Tricoloma nuda, le Pied bleu : actuellement Lepista nuda : comestible parfois mal toléré.
7. - Collybia fusipes, la Collybie à pied en fuseau, le Souchet (aujourd'hui
Gymnopus fusipes) : sans grand intérêt culinaire.


Il n'y a pas de Bolet vénéneux...FAUX ! (selon les critères actuels) :
 1. - Boletus scaber, le Bolet rude(actuellement Leccinum scabrum).
4. - Boletus badius, le Bolet bai (actuellement Imleria badia).
5. - Boletus luridus, le Faux cèpe, le Bolet blafard
 (actuellement Suillellus luridus) : toxique cru ou mal cuit.
6. - Boletus satanas, le Bolet Satan (actuellement Rubroboletus satanas) : toxique,
même si ce n'est pas un toxique majeur.

Comestibles ne pouvant être confondus :
1. - Sparassis crispa, la Clavaire crépue, la Morille des pins, le Chou-fleur
 est un bon comestible facilement reconnaissable.
2. - Clavaria aurea, la Clavaire dorée (actuellement  Ramaria aurea) et
3. - Clavaria botrytis, la Clavaire chou-fleur (actuellement Ramaria botrytis),
font partie des espèces ayant l'aspect de coraux, parfois difficiles à différencier qu'il vaut
 mieux laisser de côté certaines ayant des effets laxatifs.

1. - Morchella esculenta , 2. - Morchella umbrina, 3. - Morchella clata ?, le Morillon
(actuellement  Mitrophora semilibera), 4. - Morchella conica, sont  tous des champignons
 comestibles bien cuits (ou après dessication), mais toxiques crus.

1. - Laccaria amethystina, le Laccaire améthyste, comestible qui concentre de
 manière importante la radioactivité ; risque de confusion avec Mycena pura,
 la Mycène pure, toxique.
2. - Cortinarius violaceus, le Cortinaire violet, comestible de peu d'intérêt.




     Ce guide dont la première édition date de 1936 a connu une seconde édition revue et corrigée qui est sortie en 1956. Une belle vitalité...

     Ce qui peut aussi surprendre, en plus du manque d'éléments pour bien déterminer les espèces (le dessin est toujours insuffisant), c'est aussi la façon d'appréhender le risque, la notion de vénéneux, entre cette époque et la nôtre...; ainsi le Bolet Satan est seulement indigeste, la Russule émétique juste non comestible (elle est en effet âcre), alors qu'elle provoque des vomissements. Pas de précision sur le risque de consommer certaines espèces crues ou mal cuites. La prudence est davantage mise en avant aujourd'hui.


 Pour limiter les risque d'intoxication :

    Tous les ans de nombreuses intoxications graves, certaines mortelles se produisent suite à la consommation de champignons.

     Ces intoxications sont la conséquence, dans la majorité des cas, d’une confusion avec d’autres champignons comestibles, d’où l’importance de rester vigilant que l’on soit connaisseur ou que l’on pratique la cueillette ponctuellement (ne ramassez que les champignons que vous connaissez parfaitement : certains champignons vénéneux hautement toxiques ressemblent beaucoup aux espèces comestibles). 

    Les conséquences sur la santé de ce type d’intoxications sont graves (troubles digestifs sévères, atteintes du foie pouvant nécessiter une greffe...), voire mortelles. La plupart d’entre elles conduit à une hospitalisation, souvent en réanimation.  

      

Texte : G.P.
      

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